La Banque du Canada a laissé son taux d’intérêt directeur inchangé mercredi, alors que de nouveaux développements économiques – notamment une forte baisse des prix du pétrole – menaçaient de retarder les futures hausses.
La banque centrale a maintenu son taux directeur à 1,75 %, alors qu’elle l’avait haussé d’un quart de point de pourcentage en octobre, lors de sa dernière réunion sur sa politique monétaire. Grâce au raffermissement de l’économie, la banque suit une tendance progressive à la hausse des taux depuis plus d’un an, et a déjà relevé son taux directeur à cinq reprises depuis l’été 2017.
Mais le calendrier des prochaines hausses de taux, a ajouté la banque, dépendra désormais de plusieurs nouveaux facteurs apparus au cours des dernières semaines. Parmi les éléments se trouvent notamment la chute du prix du pétrole brut, l’évolution des investissements des entreprises et la marge de manoeuvre laissée à l’ensemble de l’économie pour se développer sans attiser l’inflation.
« (Ce seront) des facteurs importants dans nos décisions au sujet de l’orientation future de la politique monétaire », a affirmé la banque dans un communiqué. Les nouvelles considérations s’ajoutent à d’autres facteurs que la banque étudie pour déterminer la rapidité avec laquelle elle devrait augmenter le taux de financement à un jour.
La banque a répété mercredi que les hausses futures dépendraient également de l’évolution des politiques commerciales mondiales ainsi que de l’effet des taux d’intérêt plus élevés sur la consommation et le logement.
La banque centrale relève les taux d’intérêt pour empêcher que l’inflation soit trop élevée. La Banque du Canada a estimé qu’elle devrait augmenter progressivement son taux directeur jusqu’à ce qu’il atteigne un niveau compris entre 2,5 % et 3,5 %.
Toutefois, à l’approche de l’annonce de mercredi, les observateurs du marché s’attendaient à ce que le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, reporte au moins jusqu’à la réunion de janvier la prochaine augmentation de taux.
Suite à ses déclarations de mercredi, de nombreux observateurs s’attendent maintenant à ce que M. Poloz attende encore plus longtemps. Sébastien Lavoie, économiste en chef à la Banque Laurentienne, a souligné que le libellé de la déclaration de la Banque du Canada marquait un changement par rapport à son message de la réunion d’octobre, dans lequel il semblait chercher « plus énergiquement » à accélérer les hausses de taux.
« Maintenant, ils ne sont plus aussi sûrs », a observé M. Lavoie dans une entrevue. « Nous pensons que la probabilité de voir une hausse lors de la réunion du 9 janvier, dans un peu plus d’un mois, a considérablement diminué. »
De son côté, Brian DePratto, économiste principal à la Banque TD, croit toujours qu’une hausse aura lieu en janvier, même si « la voie à suivre est moins claire », a-t-il écrit dans une note de recherche. Il mentionne au passage que la déclaration d’environ 500 mots de la banque centrale ne donne pas beaucoup de matériel pour analyser la situation. Selon M. DePratto, le discours que M. Poloz doit donner jeudi, à Toronto, revêtira une plus grande importance que d’habitude étant donné toutes les composantes en mouvement de l’économie canadienne.
INFLATION SOUS CONTRÔLE
En ce qui concerne le pétrole brut, la banque centrale a imputé la forte baisse des prix à un mélange d’évolutions géopolitiques, d’incertitude quant aux perspectives de croissance mondiale et d’expansion de la production de pétrole de schiste américain.
Le prix du pétrole de l’Ouest canadien a reculé davantage que les autres cours de référence en raison des contraintes de transport qui ont mené à une réduction de la production, a ajouté la banque centrale. « L’activité dans le secteur canadien de l’énergie sera probablement sensiblement plus faible qu’escompté », a affirmé la Banque du Canada.
Selon la banque, des données récentes montrent également que l’économie a moins de dynamisme à l’approche du dernier trimestre de 2018. Selon la banque, cela est attribuable à des facteurs tels que la baisse de l’investissement des entreprises, qu’elle associe en grande partie à l’incertitude significative qui entourait le commerce l’été dernier.
La banque s’attend à une amélioration des investissements des entreprises – hors du secteur de l’énergie – après la signature de la nouvelle version de l’accord commercial nord-américain, la mise en place de nouveaux incitatifs fiscaux fédéraux et la pression soutenue exercée par la demande croissante.
Elle surveillera également les évolutions positives telles que la multiplication des signes indiquant que l’économie peut encore se développer sans alimenter l’inflation. La banque a souligné les récentes révisions à la baisse des données sur le produit intérieur brut, qui suggèrent qu’il y a encore de la place pour une croissance non inflationniste.
La banque, qui tente de maintenir l’inflation dans sa fourchette cible de 1,0 % à 3,0 %, a noté que l’inflation de 2,4 % affichée en octobre était supérieure à sa cible idéale de 2,0 %. Toutefois, en raison de la baisse des prix de l’essence, il est à présent prévu que l’inflation diminuera davantage au cours des prochains mois, par rapport à ses prévisions précédentes.