Le casse-tête DuProprio
Un projet immobilier en vue? Que vous souhaitiez faire appel à un courtier immobilier pour vous accompagner dans votre transaction immobilière, ou que vous décidiez de réaliser votre achat ou votre vente par vous-même, nombreuses sont les options pour vous accompagner. À l’instar de Centris qui regroupe l’ensemble des inscriptions immobilières des courtiers immobiliers du Québec, DuProprio s’est positionné depuis plusieurs années comme le chef de file dans les transactions entre particuliers. Et malgré sa popularité auprès des vendeurs et acheteurs au Québec, l’entreprise n’en reste pas moins un casse-tête pour ses actionnaires.
Par définition, un casse-tête est « un problème insoluble ou très difficile à résoudre ». S’agit-il alors d’une définition parfaite pour décrire l’entreprise DuProprio? Après avoir été vendue plusieurs fois, l’entreprise appartient maintenant au Mouvement Desjardins. Certains y voient une apparence de conflit d’intérêts avec des répercussions sur les membres du Mouvement Desjardins et les acheteurs de propriétés. Qu’en est-il réellement? Faisons le tour du propriétaire ensemble!
L’histoire de DuProprio, en bref
Créée à Lévis en 1997 par Nicolas Bouchard, l’entreprise de ventes immobilières sans intermédiaire DuProprio a d’abord été vendue à une filiale de la société Power Corporation. Cette société, propriétaire du journal La Presse à une certaine époque, n’a pas réussi à rentabiliser son investissement. DuProprio est donc passé aux mains de Pages Jaunes (Yellow Page), un service de solutions numériques et de marketing. Mais ça n’a pas fonctionné davantage. Une fois de plus, l’entreprise a été cédée à un groupe britannique, Purplebricks Group, qui elle-même l’a revendue au Mouvement Desjardins, le 15 juillet 2020, pour 60,5 millions de dollars. Plus que d’être un casse-tête, DuProprio est finalement une balle chaude qu’on s’envoie de main en main depuis 20 ans.
Une stratégie de rachat?
Selon le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, M. Guy Cormier, il était naturel que Desjardins appuie les membres et les consommateurs qui souhaitent acheter ou vendre une propriété, étant donné la nature coopérative de Desjardins. Pour Martin Brunelle, vice-président Croissance, Acquisition et Développement chez Desjardins, il était question d’une stratégie de diversification. Et il s’agissait avant tout d’une réponse aux besoins de leurs membres.
Or, depuis l’annonce de la transaction, les acteurs et observateurs du milieu immobilier s’interrogent. D’autant plus qu’au début de l’année 2020, Desjardins devenait aussi actionnaire majoritaire de RénoAssistance, un site pour obtenir des soumissions en rénovation.
Les conséquences du rachat: une porte ouverte sur les conflits
Imaginez la situation suivante: lors de l’achat d’une propriété, on encourage un client de DuProprio à s’adresser à Desjardins pour obtenir son financement hypothécaire et ses assurances. Vous devez rénover pas de problèmes, on vous envoie à RénoAssistance. N’y voyez-vous pas un risque de conflit d’intérêt? De même, croyez-vous que Desjardins ne fasse pas de bénéfices financiers lorsque vous utilisez RénoAssistance? Dans un cas comme dans l’autre, l’institution financière s’improvise entrepreneur au lieu de s’en tenir à sa mission première. Cependant, vous comprendrez que la vraie raison d’être de tout cela est la valeur de votre data, celui-là même que Desjardins n’a pas su sécuriser correctement et qui a touché plus de huit millions de personnes.
Car ne l’oublions pas, Desjardins est une coopérative financière. Lorsque l’on devient membre chez Desjardins, on devient copropriétaire. Ainsi, lorsque Desjardins achète une entreprise comme DuProprio ou devient actionnaire de RénoAssistance, c’est l’argent de ses membres qu’elle utilise.
La question se pose alors: est-ce légitime pour une institution financière comme le Mouvement Desjardins de “diversifier” ses activités dans le secteur immobilier et des rénovations? Pourquoi, par ailleurs, chercherait-elle à diversifier le champ de ses activités? Pour la valeur des données obtenues avec la diversification? Des données qui peuvent être réutilisées en assurance, en placements par exemple…
En conclusion
En 2020, alors que Mouvement Desjardins rapatriait DuProprio au Québec, elle ramenait aussi PurpleBricks Canada. Désormais connu sous le nom de FairSquare, Purplebricks Canada était un courtier immobilier actif hors Québec, notamment en Ontario, au Manitoba et en Alberta.
Or en février dernier, nous apprenions que Desjardins avait pris la décision de fermer FairSquare. Un casse-tête, vous dites? Gageons que ce n’est que la pointe de l’iceberg!
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